Ce match ne peut se résumer à 90 min, il faut cette journée du 21 février 2019 dans sa globalité pour comprendre l’attente et la ferveur des supporters rennais autour de cet événement : leur premier rendez-vous européen historique. Les premiers à les soutenir sont les aficionados du FC Séville, victorieux de la Lazio la veille et désireux de voir leur voisin se faire humilier. Début d’après-midi, le RCK communique, rendez-vous Paseo de Catalina de Ribera. Place avec de nombreux bars où la bière coule à flot. 3000 supporters envahissent la rue, les voitures klaxonnent, les chants se lancent et les premiers fumigènes craquent. Les espagnols filment les rennais et un habitant lance même un clapping depuis son balcon. La Guardia Civil, groupe de police Espagnol réputé pour être intransigeant avec les ultras se déplace. S’équipant de casque et de boucliers, ils matraquent immédiatement les supporters. Alors que le cortège pour rejoindre le stade était déjà en place, la Guardia Civil fait blocage. Après une bonne heure de négociations, les rennais peuvent enfin se diriger vers le stade Benito Villamarin. Pendant les 40 min de marche, les ultras chantent à la gloire de leur équipe, une vingtaine de fumigènes sont allumés tout au long, sous le regard de deux hélicoptères de la Police Nationale. Arrivés au stade : double fouille, rigoureuse et accompagnée de chiens. Interdiction de drapeaux, tambour ou encore mégaphone. Malheureusement certains ne verront pas les premières minutes de la partie.
Début du match, l’hymne du Betis résonne dans les gradins, tout le monde s’époumone. À l’ouverture du score de Bensebaini, les ultras chavirent, certains ont les larmes aux yeux, ils se prennent à rêver de cette qualification presque improbable, alors quand Adrien Hunou double la mise 8 minutes plus tard, c’est le feu, les rennais sont comme des dingues. Lo Celso réduit l’écart à la 41ème minute. « On sait déjà que la deuxième période sera interminable. » Les rennais chantent de toutes leurs forces, ils savent qu’ils sont encore qualifiés, qu’ils doivent à tout prix éviter ce deuxième but. Défensivement les rennais sont solides, Koubek réalise les arrêts qu’il faut au bon moment. Les joueurs continuent leurs efforts physiquement et les ultras, psychologiquement. « Ces minutes sont une torture. » A la 70ème minute, le score reste inchangé, les supporters donnent de la voix « Allez Rennes, Allez Rennes où tu es nous sommes là, tu ne seras jamais seul, car nous deux c’est pour la vie ». Il reste 5 minutes de temps additionnels : les fans sont torse nus, agitent leurs écharpes, et donnent tout ce qu’ils ont tandis que les premiers supporters espagnols quittent le stade. Le bétis tente à deux reprises d’égaliser dans le temps additionnel, mais Koubek est toujours sur ses gardes. « A chaque prise de balle de notre premier, la qualif se rapproche et nous chantons de plus en plus. » 94ème minute, Niang leur offre la qualification, l’arbitre siffle dans la foulée, les rennais sont en huitième ! Les joueurs explosent devant le parcage, traditionnel clapping. 20 minutes après la fin du match les supporters sont dans le stade à chanter. Les joueurs ressortent du vestiaires un à un, glisse sur la pelouse devant les « olé » qu’ils effectuent. Puis viennent le président Olivier Létang ainsi que le coach Julien Stéphan, qui est acclamé par les ultras pour les émotions qu’il viennent de leur donner.
La sortie du stade se déroule sous escorte policière et il est temps de fêter cette qualification. Les rues principales de Séville sont envahies par les rennais et les chants retentissent encore dans les bars. Le voyage en valait la peine.